Ce qui est juste

 
« Ce qui est juste »
 
Ce kanji permet aux japonais de compter de 5 en 5 comme par exemple, le nombre de randori dans une séance d’entraînement. Yves Cadot nous apprend qu’il signifie aussi  » ce qui est juste ». Autrement dit, lorsque l’on pratique un certain nombre de fois on s’approche du geste juste; celui qui permet l’adéquation entre l’intention et le résultat.
C’est donc de la répétition que naît la justesse.
En judo, la répétition est inhérente à la pratique du judoka comme pour tout autre athlète et pas seulement. Le musicien, l’artisan, le danseur, ….font aussi des gammes pour affiner leurs gestes, leurs postures. Cela permet de s’affranchir de la pesanteur, des mouvements parasites et apporte de la fluidité, de l’aisance, de la beauté.
Le judoka connaît et pratique à chaque entraînement ces exercices conventionnels: uchi komi (« rentrer dedans »), nage komi, yaku soku geiko, tendoku renshiu. L’étude du judo ne peut se faire sans ce souci de perfectionnement technique qu’apporte cette répétitivité. Ceux qui y voient du rabâchage, de l’inutilité, de l’ennui n’ont pas compris ce qu’elle peut leur apporter.
 » La répétition précise des mouvements, aussi bien des techniques que des habiletés motrices fondamentales sur de longues années, permet d’entretenir et cultiver ce qu’on appelle la mémoire du corps ».
Notre corps est intelligent et il a une mémoire qu’il faut entretenir et enrichir. Loin d’être rébarbative, la répétition donne au corps une forme sobre, économe, efficace, moins énergivore et surtout plus juste. Une fois acquise, la bonne forme s’inscrit dans le corps qui sait la reconnaître et la reproduire.
Encore faut-il être capable de répéter des formes justes sinon c’est la forme fausse qui s’installe et qui perturbe la compréhension motrice du geste à accomplir.
D’où l’importance des modèles d’apprentissage que sont les partenaires d’entraînement et les plus gradés mais aussi et surtout des qualités techniques et pédagogiques du professeur de judo, qui doit transmettre les gestes justes et corriger les mauvaises attitudes qui parasitent la fluidité.
« Sans constance on ne peut prétendre à rien, pas même au plaisir » (E. Charlot)
 
Frédéric Durand (oct. 2012)